Exposition présentée dans le cadre de Tout le poids d’une île. Collectionner l’art cubain.

Musée des beaux-arts de Rennes
20, quai Émile Zola
35000 Rennes

Commissariat
François Coulon, conservateur du Musée des beaux-arts, Patrice Goasduff, codirecteur de 40mcube, Anne Langlois, codirectrice de 40mcube, François Vallée, professeur, critique d’art et collectionneur.

Coordination générale
40mcube

Artistes
Yunior Acosta, Léster Álvarez, Pedro Álvarez, Francisco Antigua, Néstor Arenas, Santiago Armada dit Chago, Belkis Ayón, José Bedia, Ernesto Briel, Alejandro Campins, Raúl Cañibano, Yoan Capote, Los Carpinteros, Raychel Carrión, Alberto Casado, Sandra Ceballos, Raúl Cordero, Raúl Corrales, Salvador Corratgé, Ernesto Crespo, Arturo Cuenca, Ángel Delgado, Roberto Diago, Alberto Díaz Gutiérrez dit Korda, José Antonio Díaz Peláez, Antonia Eiriz, Juan Francisco Elso Padilla, Tomás Esson, Darwin Estacio Martínez, Leandro Feal, José Franco, Carlos Garaicoa, Lázaro García, Rocío García, Carlos García de la Nuez, Julio Girona, Ahmed Gómez, Eric Gómez Galán, Juan-Sí González, Jesús González de Armas, Armando Guiller, Henry Eric Hernández, Guillermo Fernando López Junque dit Chinolope, Nicolás Lara, larry, Hamlet Lavastida, Ernesto Leal, Vladimir de León Llaguno, Rogelio López Marín dit Gory, Yunior Mariño, Jorge Luis Marrero, Raúl Martínez, Yornel Martínez, Manuel Mendive, Raúl Milián, Ibrahim Miranda, El Monje, Elsa Mora, Noel Morera, Bernardo Navarro, Glexis Novoa, Odalys Orozco, René Peña, Umberto Peña, Douglas Pérez, Marta María Pérez Bravo, Gustavo Pérez Monzón, Michel Pérez Pollo, Alain Pino, Juan Miguel Pozo, Carlos Quintana, Ciro Quintana, Elio Rodríguez, Fernando Rodríguez, Carlos Rodríguez Cárdenas, Lázaro Saavedra, Enrique Silvestre, Loló Soldevilla, Leandro Soto, Ezequiel Suárez, Ermy Taño, José Ángel Toirac, Alejandro Ulloa, Eliseo Valdés, Hilda Vidal, Manuel Vidal, José Ramón Villa Soberón, José Ángel Vincench, Ramón Williams

D’une façon tout à fait inattendue, Rennes recèle en son sein un citoyen épris d’art cubain depuis des décennies. Patiemment collectée depuis plus de trente ans, la collection de François Vallée, forte de quelque 400 pièces pour l’heure invisibles au public, a été le prétexte à cette découverte inédite que propose Tout le poids d’une île. Collectionner l’art cubain, projet à l’initiative du centre d’art 40mcube qui réunit le Musée des beaux-arts de Rennes, le centre d’art 40mcube (Rennes) et le centre d’art Passerelle (Brest).

Du cabinet de curiosité à l’art cubain
Issu des Saisies révolutionnaires effectuées sur des collections rennaises en 1794, le Musée des beaux-arts de Rennes conserve en son sein un exceptionnel cabinet de curiosité qui, depuis sa restitution en 2012, permet à l’Institution de revendiquer être une fenêtre ouverte sur le monde. Cette ouverture n’est cependant pas neutre et sans principes ou au contraire faisant feu de tout bois. En effet, conformément à son programme scientifique et culturel, c’est bien la notion d’expression de la diversité culturelle comme incarnation d’une autre façon d’être au monde qui y est privilégiée. La question du décentrement des postures occidentales y est ainsi centrale afin d’y sentir à quel point il existe réellement d’autres façons de percevoir le monde : le visiteur ne doit pas alors simplement succomber au charme de l’étrangeté, mais bien chercher à ressentir l’expression d’une altérité qui s’inscrit non pas dans la diversité des individualités, mais dans celle issue des longues traditions des patrimoines culturels qui ressortit du temps long des musées. Dans ce cadre, l’institution a déjà mené de nombreux projets internationaux en profitant des jumelages de la Ville de Rennes avec la Chine, le Japon, le Vietnam ou la République Tchèque.

Réunir tout Cuba
La connaissance des autres cultures est marquée en France par son passé colonial, les relations avec ses partenaires économiques et politiques ainsi qu’avec les Grandes Puissances. On y parle donc assez peu d’Amérique latine et Cuba, dans cette absence d’imaginaire collectif, est souvent de fait réduit à quelques traits généraux qui peuvent tenir lieu de clichés faits de salsa, de révolution communiste et de rhum. Seul·e·s quelques rares élèves ayant étudié l’espagnol auront entendu parler au cours de leur scolarité de Nicolás Guillén ou d’Alejo Carpentier, mais aucun·e sans doute de Gustavo Pérez Monzón, de Sandra Ceballos, de Belkis Ayón, d’Antonia Eiriz ou des groupes Los Once ou Puré. Pourtant, Cuba est à n’en pas douter un des trois grands pôles culturels de l’Amérique hispanophone (l’immense Brésil mis à part) aux côtés de l’Argentine et du Mexique. Douze fois moins peuplée que le Mexique et 25 fois plus petite que l’Argentine, l’île a cependant donné une quantité insoupçonnée de musicien·ne·s, de danseur·euse·s, d’écrivain·e·s et de plasticien·ne·s réellement fascinant·e·s et dont les influences ont eu une portée universelle qui rivalise aisément avec les foyers amérindiens et ceux du Cône sud.

La révolution castriste de 1959 qui succéda à la dictature de Batista mit en place un régime clivant qui aboutit à une situation analogue à celles encore actuelles de la Corée et de la Chine : la partition. Rien qu’aux États-Unis on compte près de 10 % de la population cubaine émigrée, essentiellement en Floride, sans compter les autres pays d’Amérique latine dont en particulier le Mexique. Il en résulte que la création artistique cubaine, lorsqu’elle se revendique comme telle doit aussi prendre en compte cette très importante diaspora. L’art cubain n’est donc pas exclusivement le produit d’une île, mais est celui issu de cette île qui fédère les artistes.

L’exposition au musée des beaux-arts est structurée par une dizaine de noyaux thématiques qui enchaînent ce qu’à travers la collection de François Vallée les commissaires François Coulon, Anne Langlois, Patrice Goasduff, et François Vallée y ont perçu de caractéristique. Après une monumentale fresque dans le patio qui est une projection d’un possible paysage futur pour Cuba de la part de Néstor Arenas, et servant d’écrin à une installation quasi orwellienne de Yornel Martínez (Relato impersonal), l’exposition démarre sur deux grandes fresques murales de 28 mètres exécutées par José Bedia où les présences mystiques vernaculaires nous sont rendues sensibles et qui introduisent aux différents maillons de l’exposition.

Lire entre les lignes
Tiré du titre d’une œuvre de Ernesto Leal, cette introduction doit amener le·la visiteur·euse à adopter en partie cette posture de décodeur·euse d’un sens caché.

L’ombre du patrimoine
Évocation d’événements et de figures historiques de Cuba, dont José Martí, apôtre révolutionnaire de la lutte pour l’indépendance de l’île à la fin du XIXe siècle.

Tristes tropiques ?
Où les clichés nostalgiques réels rencontrent la mélancolie d’un Cuba révolu et imaginaire qui n’est pas sans évoquer l’œuvre de Cabrera Infante Trois tristes tigres.

Hasta la victoria… siempre ?
Des mythes révolutionnaires en action.

¡ Socorro ! Au secours !
Sans commentaires…

Los sobrevivientes – Les survivants
Comment survivre ? Par l’art !

Respiration
Clin d’œil au muralisme latino-américain et à sa générosité exubérante.

La santería
Religion issue d’un syncrétrisme entre les cultes africains et catholiques aux temps de la colonie espagnole à Cuba.

Le corps en jeu
Des magnifiques photographies de René Peña aux peintures de José Ángel Vincench (Cela semble abstrait mais ça ne l’est pas) en passant par l’onirisme de Manuel Vidal, le corps est un enjeu majeur lui aussi de la représentation dans tous ses états.

Déjame contarte una historia – Laisse-moi te raconter une histoire
Jorge Luis Marrero, mais aussi Sandra Ceballos, revisitent le storytelling du patrimoine artistique, et Ernesto Leal s’attaque aux structures mêmes du langage.

Une ardente patience
Accrochés tels des ex-voto dans cet ultime espace, les œuvres deviennent des messages à méditer et à goûter.