40mcube
48, avenue Sergent Maginot
35000 Rennes

Pour Stranger by Green , sa première exposition monographique produite par 40mcube, Yann Gerstberger construit un ensemble de sculptures composé de statuettes soclées sur des agencements hybrides et baroques de divers matériaux tels que des chutes de cuir brut, des bambous, du plexiglas, des fleurs synthétiques, de la cellophane et des objets industriels comme un banc de musculation, un parasol de plage ou un socle en béton.

Les sculptures de Yann Gerstberger semblent être l’objet de rituels contemporains. Colorées, ornées, composites, elles rassemblent des objets hétéroclites ayant eu une vie antérieure comme des objets usuels occidentaux, des objets d’art dit primitif fabriqués en série et des matériaux aussi divers que tissus, bâches, bois récupéré… Ces éléments sont attachés, dressés et partiellement recouverts de tissus ou de motifs ethniques peints, librement interprétés dans des sculptures qui assument leur aspect décoratif et artisanal.
Par cette pratique de l’assemblage, l’artiste crée une surenchère, ses sculptures compilant le sens de chaque objet et celui créé par l’assemblage lui-même. Soit la partie qui ne parle pas du tout mais qui se rajoute au tout… Il joue avec les surfaces et les volumes et semble appliquer à la sculpture la pratique du mix d’images, du copier-coller propre à l’informatique.

Sa méthode de travail qui passe par la recherche d’objets, de matériaux, d’images, par l’essai direct de compositions et de recouvrements de ces éléments, sans utiliser les moindres dessins, notes d’intention ou simulations préalables, n’est pas sans rappeler la sérendipité, la découverte liée au hasard. Si celle-ci est devenue une véritable méthode de recherche scientifique, elle est également pratiquée depuis fort longtemps, et aujourd’hui encore par des artistes comme Yann Gerstberger. Proche de l’expérimentation et de l’expérience, elle converge chez lui dans le sens d’une sculpture rituelle. Chacune de ses œuvres, dont il ne donne aucun détail sur la provenance de ses composantes, est une découverte et une curiosité en soi.

L’artiste revendique « une filiation directe avec l’art brut, naïf, primitif, et des liens de parenté non occidentaux, du tribal, de l’ethnique, du mélange, des déplacements géographiques ou mentaux. » Ses sources et ses références sont variées mais soigneusement choisies, des primitivismes africain, précolombien, océanien aux cultures dites « outsiders », populaires, urbaines, street, et de la surf culture que l’on retrouve également dans la sculpture californienne. Les questions du post-colonialisme mais aussi des low cultures sont évoquées sans parti pris, par le prisme d’un exotisme tout à fait personnel.

Photo : Patrice Goasduff