Exposition présentée dans le cadre du programme Suite, à l’initiative du Cnap, avec le soutien de l’ADAGP et de la Copie privée.
Avec le soutien du Cnap, de l’ADAGP, de la Copie privée, du ministère de la Culture, de l’Institut français, de la Ville de Rennes, et de Rennes Métropole.

Crossroads est l’endroit où nous nous rencontrons : trois artistes françaises, Hélène Bertin, Éléonore False, Ingrid Luche entreprennent le voyage classique sur la terre de tous les mythes, Athènes, où l’artiste Malvina Panagiotidi les rejoint pour approfondir l’exploration sur les rituels, les rites, les mythes et les processus d’altérité. Ce croisement est surveillé par Hécate, la déesse des carrefours et protectrice des voyageurs, qui symbolise entre les mondes, la magie, la sorcellerie, les fantômes, la nécromancie, etc. Hécate était souvent représentée sous une forme triple, avec trois corps debout dos-à-dos, probablement pour qu’elle puisse regarder dans toutes les directions à la fois depuis le carrefour. Par sa polymorphie et son ambivalence, elle nous encourage à embrasser la dissemblance et la pluralité.

En 2019, dans le cadre du programme Suite initié par le Centre national des arts plastiques avec le soutien de l’ADAGP, le centre d’art 40mcube a réuni à Rennes les artistes Hélène Bertin, Éléonore False et Ingrid Luche dans une exposition collective intitulée Bertfalhe, un mot inventé désignant un monde imaginaire que chacun est libre de localiser sur une carte. Cette exposition était composée d’œuvres liées à un voyage, à la découverte des villes et des territoires, montrant un intérêt pour de nouveaux horizons, et une forme d’altérité. Éléonore False est partie au Japon, Ingrid Luche à Los Angeles et Hélène Bertin à Cucuron. En 2022, avec cette nouvelle itération de l’exposition à Athènes, fruit d’une collaboration entre 40mcube et Callirrhoë avec le soutien du ministère de la Culture, du Centre national des arts plastiques et de l’ADAGP, de l’Institut français, de la Ville de Rennes et de Rennes Métropole, de nouveaux liens se tissent entre les pratiques des trois artistes françaises et de l’artiste grecque Malvina Panagiotidi, qui suggèrent une autre façon d’entrer en relation avec l’autre.

À cette occasion, Hélène Bertin présente une nouvelle œuvre réalisée à l’endroit même où elle a consacré ses recherches pour l’exposition Bertfalhe, son village de Cucuron dans le sud de la France, mettant en parallèle le lavoir, lieu public réservé au lavage des vêtements et espace traditionnel de rassemblement des communautés locales dans les villages de France, et l’idée de l’agora grecque, un espace public pour les cités-États grecques pour la prise de décision commune.

L’installation murale d’Éléonore False s’inspire de son séjour au Japon : elle s’intéressait aux techniques de la céramique et du textile, à l’architecture, et elle était sensible à la culture du peuple Aïnous qui vit à Hokkaido, l’une des quatre îles principales du Japon. Dans un magasin d’antiquités, elle a trouvé un livre ancien avec des techniques d’impression et de reliure particulières, qui représentait des villes européennes d’un point de vue orientaliste. L’artiste ne conserve que l’élément graphique du livre. Un effet mouvant est produit par la disposition des motifs des plaques de plexiglas sérigraphiées et superposées. Par ailleurs, elle prolonge son travail visuel avec une composition inspirée de la cloche de 17h, « goji no chaimu » en collaboration avec le compositeur Nicolas Mollard.

Ingrid Luche présente des œuvres de la série Ghost Dresses, des sculptures en tissu ornées d’accessoires et suspendues à des structures métalliques surdimensionnées évoquant des portants. Elle puise son inspiration dans son séjour à Los Angeles et dans la Silicon Valley en 2018. Luche collectionne des images et des objets liés au territoire et à ses liens avec le cinéma, l’innovation technologique, les paysages désertiques ou les quêtes spirituelles comme une maison en flammes, une peinture murale d’Arnold Schwarzenegger, des écouteurs jetables, une photo d’une œuvre de Richard Prince, une impression d’un canyon dans le désert et une capture d’écran d’une vidéo de la populaire youtubeuse et activiste Nasim Najafi Aghdam.

Le mythe de Bertfalhe nourrit une nouvelle œuvre de Malvina Panagiotidi : en utilisant la technique de l’électroformage, un procédé de formage du métal, elle crée une sorte de corps pluriel et fragmenté. L’objet en cuivre récemment formé est identique à l’objet initial en cire mais creux à l’intérieur et se traduit par une présence fantomatique. Son processus alchimique, comme le processus de création de mythes, nécessite un ordre précis d’actions qui rappelle un rituel. Panagiotidi situe sa pratique au carrefour de différents champs tels que l’ethnologie, la sociologie, l’histoire culturelle, la théosophie, etc., qui participent également à la formation d’une créature hybride.